22 juin : pour cette 5ème rentrée, prends ton mètre

Dimanche 14 juin, Emmanuel Macron a annoncé une accélération du déconfinement prévoyant dès le 22 juin « l’accueil de tous les élèves de manière obligatoire et selon les règles de présence normale » dans les crèches, écoles et collèges.

Pour les lycées, le Président de la République s’est montré beaucoup plus flou.

S’exprimant ce matin sur Europe1, Jean-Michel Blanquer a annoncé la fin de la limitation de 15 élèves par classe et précisé que « l’allègement fondamental sera celui de la distanciation physique. Elle sera moins contraignante puisqu’elle passera de 4 m2 à un mètre latéral entre chaque élève ».[1] En fonction de la configuration des locaux et du matériel disponible, cette seule mesure ne peut garantir effectivement l’accueil simultané de tous les élèves, ce qui a été entendu à travers le discours présidentiel.

Le ministre a expliqué également que les gestes barrières, se laver les mains ou la présence de gel hydroalcoolique sont en revanche maintenus. Les nouvelles règles du protocole sanitaire seront communiquées en détail mardi et entreront en vigueur dès le 22 juin.

C’est donc une nouvelle rentrée qui se prépare, la 3ème, en six semaines. Même si nous nous satisfaisons du retour à l’obligation de scolarité, que nous demandions dès la première reprise, le snU.pden-FSU tient à souligner son attachement aux préconisations sanitaires qui restent nécessaires. Il rappelle également que le retour massif des élèves implique une mobilisation de l’ensemble des services des établissements et que la publication tardive des consignes complexifie une nouvelle fois la mise en œuvre demandée un dimanche soir par le chef de l’État. Une nouvelle fois, ce sont des annonces par les médias qui arrivent dans les établissements et non des textes en direction des personnels de direction qui permettent de réagir rapidement.

Après une semaine de campagne médiatique de dénigrement des enseignants et plus généralement de l’École, le snU.pden-FSU regrette que le Président de la République n’ait apporté aucun soutien aux professeurs malgré le travail effectué depuis l’annonce du confinement. Les personnels de direction snU.pden-FSU tiennent à souligner l’engagement important et constant, sous leur impulsion, de l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale (Enseignants, assistants sociaux, infirmiers). Pire, certains propos laissent craindre que l’été soit propice à l’annonce de reculs importants tant en termes de temps de travail que d’organisation de l’institution scolaire entre autres. Même si le Président de la République a réitéré son intention de se « réinventer », tout porte à croire qu’il est fermement décidé à maintenir sa politique ultra-libérale, destructrice de notre modèle social et de l’École. Il aurait été important que le collectif budgétaire crée des postes pour accompagner des élèves qui ont été victimes des mois de confinement. Hélas, c’est une toute autre orientation qui se dessine : à terme, les propos du Président de la République laissent entrevoir que l’Éducation Nationale pourrait être définitivement régionalisée. S’il s’agit une nouvelle étape de la décentralisation, nous nous opposons à cette vision de l’École et des Services Publics.

Paris, le 15 juin 2020

Pour le bureau national,

Samuel Lautru

Secrétaire général adjoint


[1] « Dans les écoles élémentaires et les collèges, l’observation d’une distanciation physique d’au moins un mètre s’applique uniquement dans les salles de classe et tous les espaces clos, entre l’enseignant et les élèves ainsi qu’entre chaque élève lorsqu’ils sont côte à côte ou qu’ils se font face. L’accueil est assuré par groupes qui ne peuvent pas se mélanger. » (Décret n° 2020-724 du 14 juin 2020 modifiant le décret n° 2020-663 du 31 mai 2020 prescrivant les mesures générales nécessaires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire)